marți, 8 martie 2011

Provence

La Provence est une dénomination géographique qui recouvre à peu près la partie sud-est de la France actuelle de la rive gauche du Rhône inférieur à l'ouest jusque à la frontière avec l'Italie à l'est. Elle est bordée au sud par la Méditerranée et correspond donc, aujourd'hui, à la plus grande partie de la région administrative Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Historiquement, après la fin de l'empire romain, elle désigne l'entité incluse en 536 dans le Royaume franc et qui deviendra marquisat de Provence dans le cadre du royaume de Bourgogne-Provence de 947. Une entité qui devient ensuite comté de Provence ayant pour capitale Aix-en-Provence mais aux frontières fluctuantes : en 1388 ses territoires situés à l'est du Var sont perdus puisque rattachés aux États de savoie par la dédition Dédition. Un siècle plus tard, en 1481, le comté de Provence revient par succession au roi de France Louis XI et deviendra ainsi une province royale française. A cette date, l'actuel département des Hautes-Alpes fait alors partie de la province française du Dauphiné. Quant au Comtat Venaissin, il releva de la papauté à partir de 1274 ainsi qu'Avignon à partir de 1348 avant de revenir à la France en 1791.
Plus largement, dans un sens culturel et touristique, suivant les définitions retenues, la Provence s'étend jusqu'au sud-ouest du Gard (à l'ouest du Rhône et de Nîmes, jusqu'au Vidourle et jusqu'au sud de la Drôme (la Drôme provençale).
Au Moyen Âge, la Provence englobait donc notamment les Alpes du Sud jusqu'aux affluents de rive gauche du Var inclus. L'histoire en a détaché une partie de ses régions alpines : au nord celle englobée dans la province française du Dauphiné et à l'est celle du pays niçois concédé à la Maison de Savoie en 1388 dans le cadre des « Terres-Neuves de Provence » devenant division administrative du comté de Nice de 1526 à 1860. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la création de la région administrative Provence-Alpes-Côte d'Azur a rétabli plus ou moins l'espace initial de la grande Provence médiévale, avec les Hautes-Alpes et le Pays Niçois.

Habitat perché


Ce type d'habitat est considéré comme typiquement provençal, il est surtout typiquement méditerranéen. Ces villages sis sur leur « acropole rocheuse », qui ont gardé leur aspect médiéval, forment par l'orientation des façades de leurs maisons - vers la vallée ou la voie de communication - un véritable front de fortification. Les plus connus sont Séguret, Ménerbes, Gordes, Eygalières, Puget-Théniers, La Garde-Freinet, Tourrettes-sur-Loup, Cagnes, Gattières.
 
Fernand Benoit souligne leur origine quelques fois préhistorique en signalant que Cicéron, à propos des Ligures qui peuplaient la région, les dénomme castellani, c'est-à-dire habitants des castellas (Brutus, LXXIII, 256). La toponymie confirme puisque des villages perchés comme Oppède, Oppedette, Les Baux-de-Provence, Le Beaucet, Le Beausset, Carros, Carri et Caromb tirent leur nom de l'oppidum; du baus (rocher escarpé en provençal), ou du roc sur lequel ils étaient primitivement installés.
Ces villages perchés se trouvent dans essentiellement dans les zones collinaires dont le terroir est pauvre en alluvions et où l'eau est rare. Ce qui est le cas général en Provence sauf dans la basse vallée du Rhône et dans celle de la Durance, où les terres alluvionaires abondent et surtout où l'eau est facilement accessible pour chaque propriété grâce à un puits creusé dans la cour de la maison.
De plus ce groupement en communauté refermée sur elle-même correspond à des régions de petites propriétés, où les seules terres fertiles se situent au fond de quelques vallons, et ce regroupement a facilité l'existence d'un artisanat rural indispensable aux villageois (charron, forgeron, etc.). A contrario, l'habitat dispersé implique de grands domaines qui tendent à vivre en autarcie. D'où la loi émise par Fernand Benoit « La misère groupe l'habitat, l'aisance le disperse ».

Habitat dispersé


Cet habitat se trouve essentiellement dans les terres fertiles des vallées du Rhône et de la Durance. Il correspond donc ŕ la plaine d'Arles, y inclus la Camargue, avec de grands domaines aux terres d'un seul tenant, spécialisés dans la culture des céréales et dans l'élevage avec de vastes pâturages. Autres lieux, la plaine maraîchčre du Comtat Venaissin et la région de Barcelonnette oů l'eau est abondante dans la vallée et alimente de nombreux pâturages.
Dans la région d'Arles, ces habitations portent le nom de mas, mot issu du latin mansus qui désignait un fonds cultivé par une famille. Il est ŕ souligner l'extension de ce toponyme sur la rive droite du Rhône, dans le Gard jusqu'ŕ Nîmes et Uzčs. Un mas regroupe la maison de maître plus celles de ses fermiers. Dans la Crau, il est entouré de grands friches herbeuses, le coussou, oů paissent les troupeaux de moutons pendant l'hiver.
Des noms différents désignent ce type d'habitat dans le reste de la Provence. dans un secteur géographique important qui va d'Aix-en-Provence ŕ Grasse, limité au nord par la Durance et au Sud par la côte méditerranéenne, il est appelé bastide. D'une façon générale cet habitat date du xviie sičcle. Le Comtat Venaissin emploie le mot grange, qui est courant dans le Dauphiné voisin. Une plus petite exploitation agricole se voit attribuée le qualificatif provençal de granjoun (petite grange).
Fernand Benoit souligne que cet habitat a traversé les millénaire puisqu'il était identique ŕ l'époque de la colonisation romaine : « Les grands mas du delta occupent l'emplacement des villć échelonnées le long des anciens bras du Rhône aujourd'hui colmatés »

Habitat troglodytique


La première étude sur l'habitat troglodytique en Provence a été menée, entre 1987 et 1988, à la demande du Ministère de la Culture, par Pierre-Yves Dautier, avec l'aide technique du Parc Naturel Régional du Luberon.
L'inventaire de ces différents sites lui a permis de classer ce type d'habitat en deux parties. La première correspond au creusement par l'homme dans les safres du Miocène d'abris rupestres, à vocation d'habitat et à usage agricole. Les exemples les plus emblématiques sont ceux des grottes de Calès, à Lamanon, qui furent occupées de la préhistoire au XVe siècle, du Baou de Saint-Chamas, qui a été aménagé en 1615, des villages du Barry et de Chabrières, à Bollène.
La seconde est liée à l'occupation des grottes naturelles creusées par l'érosion dans le calcaire urgonien et leur protection en façade par des murs de pierres sèches. Cette utilisation, qui fut quelques fois pérenne, fut, le plus souvent due au pastoralisme, et au besoin des bergers d'abriter et de loger leurs troupeaux. Dans le Vaucluse, cet habitat se retrouve essentiellement dans les combes des Monts de Vaucluse et du Luberon. Dans la Provence centrale et orientale, la présence humaine, dans des grottes à concrétions, revêt un certain romantisme lorsqu'elle est liée à des bandits d'honneur comme Gaspard de Besse, à une sacralisation avec des Saintes Beaumes ou à des êtres surnaturels pour les grottes des Fées.
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, ont été répertoriés quelques sites remarquables comme les ermitages de saint Maurin, à La Palud-sur-Verdon et de saint Pons, à Valbelle, la Grotte des brigands, à Quinson, le prieuré de Carluc, à Céreste, et les deux cabanons de Lurs, dans le pays de Forcalquier.
Pour les Bouches-du-Rhône, outre les deux sites précités de Calès et de Saint-Chamas[48], sont à retenir les habitats du plateau de Sainte-Croix, au dessus de Salon-de-Provence, ceux de Manivert, près de Lambesc, le Castellas d'Aurons et les ermitages des Aygalades, au nord de Marseille. Aux Baux-de-Provence, outre l'habitat, s'y ajoutent deux autres aménagements rupestres, avec un pigeonnier troglodytique et un plan dallé rainuré pour recueillir les eaux de pluie.
Dans le Var, sont à signaler deux Saintes-Beaumes, celle du Plan-d'Aups et celle de Saint-Raphaël, la Maison des Fées à Cabasse, LeVieux Moulin à Trans-en-Provence , et le Nymphée du couvent des carmes, à Barjols.
Pour le Vaucluse, où les sites sont à la fois plus concentrés, plus nombreux et plus diversifiés, il y a Bollène, déjà signalé, avec ses deux hameaux troglodytiques, des anciens villages médiévaux. Dans le premier, à Chabrières, où l'habitat est totalement ruiné suite à des effondrements, l'aménagement avait été fait en creusant la safre dit de Saint-Restitut, au pied ducastrum. Le second, Barry, fut habité jusqu'au XVIIIe siècle. Ses façades, en pierre sèche, protègent un aménagement complet entièrement creusé dans le roc (cuisine, cheminée, pile d'évier, potager pour réchauffer les aliments, alcôves, étable, écurie, bergerie, cellier, citerne, etc.).

Maison a terre

Compartimenté dans le sens de la longueur, ce type de maison représente un stade d'évolution plus avancé que la « maison en hauteur ». Il est caractéristique de l'habitat dispersé qui se retrouve dans la basse vallée du Rhône, dans celle de la Durance et plus ponctuellement dans les vallées annexes comme celle du Calavon


Ce type de maison est divisé en deux parties tres distinctes dans le sens de la longueur. Le rez-de-chaussée est occupé par une salle commune dans laquelle est intégrée la cuisine. Tres souvent se trouve a l'arriere un cellier contenant la réserve de vin et une chambre. Un étroit couloir, qui permet d'accéder a l'étage, sépare cet ensemble de la seconde partie réservée aux betes. Celle-ci se compose, dans la plupart des cas, d'une remise qui peut servir d'écurie et d'une étable. L'étage est réservé aux chambres et au grenier a foin qui correspond par une trombe avec l'étable et l'écurie.

La construction d'un tel ensemble étant étalée dans le temps, il n'y avait aucune conception architecturale pré-établie. Chaque propriétaire agissait selon ses nécessités et dans l'ordre de ses priorités. Ce qui permet de voir aujourd'hui l'hétérogénéité de chaque ensemble ou les toitures de chaque bâtiments se chevauchent généralement en dégradé

Maison a cour


   










Ce type d'habitation est composé de bâtiments et de dépendances ordonnés autour d'une cour centrale. Cet ensemble est caractéristique des grands domaines céréaliers et prend souvent l'aspect d'un château avec des murs flanqués d'échauguettes et des tours d'angle. Il est adapté a une vie agricole ou le climat n'impose pas une grange pour engranger les javelles de blé avant le dépiquage, celui-ci ayant lieu aussitôt les gerbes coupées sur l'aire de terre battue. Dans ce mode culturel, les grains sont entrés en sacs dans une remise tandis que les moissoneurs élevent les meules de paille avec comme seule protection contre la pluie un mélange de poussier et de terre glaise. Seul est rentré le fourrage[Cette structure agraire, rare en Provence, se trouve uniquement cantonnée dans la plaine d'Arles, dans le Luberon, dans la vallée de la Durance, avec une concentration du côté de Manosque, dans le pays d'Aix et la région des Maures.

Maison à tours


C'est le style des grandes maisons seigneuriales qui va traverser les siècles même après la Renaissance. Il s'agit de bâtisses isolées, avec ou sans cour intérieure, dont la façade est flanquée de deux tours ou qui est protégée par quatre tours d'angle. La fortification des maisons de campagne est une pratique fort ancienne. Elle se retrouve, dès le haut Moyen Âge, avec le castellum dont celles de Provence reprennent le plan avec ses tours d'angle.

Cabanon


L'existence de cette « maisonnette des champs » est toujours liée à une activité agricole qui contraint le paysan à rester éloigné de sa résidence habituelle. Pour le premier, la transhumance, qui permet aux troupeaux d'estiver dans les alpages, implique l'usage d'un habitat sur place de « type élémentaire » pour le berger. Ces cabanons, qui se trouvent à l'orée ou au centre du champ ou de la vigne, avaient aussi un rôle d'affirmation sociale pour le paysan. Ils étaient considéré comme “ le signe de la propriété sur une terre qu'il entendait distinguer du communal”.